mardi 22 mai 2007

Une complainte après un séisme

Le 28 février 1925, le Québec a été frappé par un des plus puissants séismes 20e siècle et dont la magnitude est estimée à 6,2 sur l’échelle de Richter. La secousse a été ressentie à plus de 1 000 kilomètres de l’épicentre.

Selon les journaux Le Soleil et Le Nouvelliste, le séisme a été vivement ressentie par la population et a engendré de la frayeur.

Ce tremblement de terre fut à l’origine d’une complainte composée peur après et qui atteste que ce séisme fut vivement ressenti par les gens. Une transcription manuscrite des paroles de cette complants a été retrouvée dans les papiers de mon père, Jean-Baptiste Cayouette.

Le texte de la complainte se lit comme suit :

«-I-

C’est le 28 février
Que notre bonn’viell’mer’la
terre
Se mit subitement à trembler
Sans plus d’façon ni plus
d’mystère.
Elle titubait si fortement
Qu’les buveurs d’eau la croyait
ivre
Ou qu’elle voulait tout simplement
Se suicider pour ne plus
vivre

-II-

Depuis le Saguenay jusqu'à Toronto
Ce
n’fut qu’un cri qu’une bousculade
Et l’on pensa que subitement
La terre
allait rester malade.
Heureusement qu’il n’en fut rien
Et que c’n’était
qu’une fausse alarme
Car autrement vous l’pensez bien
Nous serions encore
dans le vacarme

-III-

N’empêche que pendant
l’tremblement
Les esprits forts firent des promesses
Et qu’tous ceux du
gouvernement
Jurèrent de se rendre à confesse.
Les uns s’glissaient en
d’sous des lits
Les autres pleuraient, devenaient blêmes
Et pour
plusieurs, à ce qu’on dit
Ce sera leur premier
carême!

-IV-

On en a vu s’lencer
dehors
Comm’poursuivis par des panthères
Même il paraît qu’remplis de
remords
Des gendres embrassaient leurs belles-mères
Par suite d’un si
grand ébranlement
Et pour on ne sait trop quel caprice
Des horloges se
r’mettaient en mouvement
Des fentes s’vaudraient dans les
édifices.

-V-

Les amoureus dans maint
salonts
Furent si surpris qu’les plus timides
En un clin d’œil ,Œil
promirent leur jonc
À leur anges blonds et candides
Maintenant faudra sans
grimacer
S’rendr’jusqu’au jour du mariage
Car le tremblement va
r’commencer
Si l’on r’fuse de s’mette en
ménage.

-VI-

La morale de notre chanson
Nous aimons
mieux j’vous l’dit tout suite

C'est qu'à qu'qu'chose malheur est bon
Pourvu qu’on n’soient pas
hypocrites
Lorsqu’on promet il faut tenir
Si l’on veux vivre heureux
ensemble
Et des serments se souvenir
Non pas seulement quand la terre
tremble.»


Commentaires :

- le besoin de transcrire dans une complainte les sentiments du moment illustre l’importance du séisme qui a marqué les imaginations;
- Michel Simard a porté ce texte à l’attention des Archives de folklore et d’ethnologie de l’Université Laval qui en détenait déjà d’autres versions avec de légères variantes;
- un témoignage étonnant de tradition orale.


[Summary :

An important earthquake occurred on February, 28 1925 in Quebec. A «complainte» (lament) wan composed by people on that occasion, a lasting memory for a hard going moment.]

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